Mon expérience avec la phobie scolaire

Mes débuts à l'école

Dès mon plus jeune âge, l'école a été une source d'angoisse incontrôlable pour moi. À mon entrée en maternelle, sans que l'on comprenne pourquoi, je n'arrivais plus à dormir. Je me réveillais la nuit en panique et refusais de retourner me coucher. La panique était parfois si intense qu'elle me poussait jusqu'aux vomissements.

Pauline, la fondatrice de PassiFlora App en maternelle

À l'âge de cinq ans, mes parents décidèrent de m'emmener chez une pédopsychiatre pour comprendre cette angoisse qui ne survenait que les veilles d'école. Le diagnostic tomba rapidement : la pédopsychiatre dit à mes parents :

" Votre fille se prend simplement pour une princesse. "

Quand j'y repense aujourd'hui, je me rends compte à quel point elle a joué un rôle dans la suite des événements. Ne pas prendre en compte les angoisses d'un enfant et les décrédibiliser peut avoir des conséquences importantes.

Les signes avant-coureurs

En primaire, la situation s'apaisa : mon sommeil redevint normal et mes angoisses diminuèrent. Malgré tout, les matins d'école restaient compliqués. Dès le réveil, j'avais une boule au ventre qui ne disparaissait qu'une fois assise sur ma chaise de classe. Cette sensation était devenue normale pour moi ; je pensais que tous les enfants ressentaient la même chose en allant à l'école. Ce n'est que des années plus tard que je réalisai qu'il s'agissait d'un premier signe de ma phobie scolaire.

Pauline, la fondatrice de PassiFlora App en primaire

Malgré ces signes d'anxiété, j'étais une bonne élève. J'avais de bons résultats sans faire trop d'efforts et j'étais discrète : je ne participais pas, ne voulant pas me faire remarquer. Je préférais me fondre dans le décor. J'étais également bien entourée et je jouais avec mes amis dans la cour de récréation. De l'extérieur, j'avais l'air d'une enfant pleinement épanouie. Cependant, en milieu de primaire, des crises d'angoisse de plus en plus fréquentes et intenses firent leur apparition. Difficultés à respirer, vagues de chaleur, maux de ventre, vomissements : elles me tétanisaient pendant plusieurs minutes. Ne connaissant pas la cause de ces crises, je les laissais passer à chaque fois, me sentant impuissante.

Une vie au collège difficile

Mon entrée au collège fut marquée par de nombreux événements. Mes crises d'angoisse devenaient de plus en plus fréquentes, allant jusqu'à deux fois par jour, rendant mon quotidien centré sur l'appréhension de la prochaine crise. J'ai également commencé à ressentir le besoin de manquer l'école. Certains jours, il m'était devenu trop difficile d'y aller ; j'avais comme besoin d'une bouffée d'air frais pour continuer. Je séchais donc des journées ici et là, prétextant une maladie pour me reposer et réussir à suivre les autres jours.

Ces crises d'angoisse et ce besoin de rester à la maison cachaient un secret que je gardais depuis cette fameuse rentrée au collège. En effet, depuis quelques mois, un groupe de collégiens s'amusait à m'isoler, m'insulter et me lancer des objets dans le bus scolaire qui me conduisait à l'établissement. Ce harcèlement physique et moral a duré deux ans. Deux ans de silence, durant lesquels j'ai gardé cette situation pour moi, par honte, honte de me faire traiter de cette manière. Cette situation m'a détruite petit à petit de l'intérieur, faisant disparaître toute confiance et estime de moi-même. En apparence, je souriais, ne laissant rien transparaître ; je ne voulais que personne ne sache.

A mon entrée en quatrième, j’ai pu de nouveaux souffler. En effet mes bourreaux n’étant plus dans mon bus, mon harcèlement était enfin derrière moi, non pas sans laisser de séquelles. Pendant plusieurs années je doutais encore de moi, de mes capacités et de ma légitimité à faire partie d’un groupe. Pendant quelques années encore, je vivrais avec cette peur de me faire rabaisser et d’être mise à l’écart volontairement. Il me fallu un long travail sur moi-même pour réussir à laisser derrière moi une partie des séquelles.

Une phobie scolaire au grand jour

Mon arrivée au lycée fut la rentrée de trop. Dès les portes ouvertes de mon futur établissement, j'avais un mauvais pressentiment, comme un inconfort dans le lieu. Malgré cela, j'étais optimiste, me disant que ce serait un nouveau départ. Cependant, dès les premiers jours, je ne me sentais pas à ma place, différente des autres.

Après deux semaines, je craque, c'est trop, je ne peux plus. L'effort est devenu trop grand, et je n'ai plus la force de le supporter. Je décide alors que je préfère mourir plutôt que de retourner à l'école. Je tente donc de mettre fin à mes jours.

Commence alors une bataille pour comprendre ce qui m'arrive. Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe ni comment je pourrais aller mieux. Nous nous retrouvons seuls, plongés dans un brouillard épais, à essayer de trouver des pistes pour m'aider. Il fallut attendre plusieurs semaines avant qu'on nous parle pour la première fois de phobie scolaire. Malgré ce nom, la phobie scolaire, il fallait encore se battre pour obtenir des informations, faire comprendre la situation aux établissements et aux proches, trouver des professionnels adaptés…

Les mois qui suivirent furent rythmés par les rendez-vous médicaux, les tentatives de retour à l'école et les démarches administratives pour une inscription au CNED. Il fallut trois ans de travail sur moi-même, de lutte contre la dépression, de cours à domicile, de petits pas ici et là pour réussir à vaincre ce trouble et retrouver une vie normale.

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La revanche

Un an après mon retour en présentiel, j'ai décidé de fonder PassiFlora App, un projet qui représente ma revanche sur la phobie scolaire. À travers cette initiative, je souhaite accompagner les personnes qui vivent la même chose que moi.

Pour en savoir plus sur les apprentissages que j'ai fait avec la phobie scolaire, découvrez cet article : Grandir avec la phobie scolaire .

Pauline, la fondatrice de PassiFlora App présentant le projet

Vous pouvez en découvrir plus sur le projet, ici.

Pauline, fondatrice de PassiFlora App